UNE PALESTINE DECHIREE
Depuis juin, les Territoires occupés sont coupés en deux : Gaza contrôlé par le Hamas et sous blocus total, la Cisjordanie relevant de l’Autorité palestinienne et toujours plus morcelée par les colonies, routes et zones interdites de l’armée d’occupation. C’est la conséquence lamentable de l’impasse où ont mené 40 ans d’impunité et d’occupation israélienne, la stratégie américaine de domination du Moyen-Orient, la lâcheté de l’Europe. Avec pour couronner le tout le refus de reconnaître le résultat des élections et le choix d’attiser les divisions palestiniennes.
LA SOCIETE PALESTINIENNE VIOLENTEE
Qui nous parle du blocus de Gaza ? De cette violence scandaleuse qui fait du million et demi de Gazaouis des prisonniers qu’on peut à volonté affamer, priver d’électricité et menacer de nouvelles attaques. Qui nous parle de Naplouse ou Jénine, elles aussi encerclées où se déchire le lien social et se profile le chaos derrière les affrontements politiques ? La société palestinienne, la plus éduquée du Moyen-Orient est menacée dans ses fondements mêmes. Et Israël aurait tort de s’en réjouir : faute de débouché politique c’est la paix qui s’éloigne et cède la place au pire.
L’INITIATIVE AMERICAINE
Mais G. Bush, appuyé par l’UE, offrirait une issue avec en novembre une « conférence internationale » pour « aller vers l’Etat palestinien ».
Ecran de fumée, quand on sait que pour Israël il ne s’agira que d’une « réunion » qui pourrait aboutir à une énième déclaration de principes...
Os à ronger pour les Arabes quand en même temps les Etats-Unis livrent d’énormes quantités d’armes à leurs alliés de la région, Israël d’abord, mais aussi Egypte, Etats du Golfe, Arabie Saoudite...
Nouvelle façon de travailler à un règlement des conflits... en préparant l’affrontement avec l’Iran et la Syrie dont Israël vient une nouvelle fois de violer impunément l’espace aérien.
LA POSITION FRANCAISE
Elle s’était fâcheusement infléchie ces dernières années, comme si on voulait se faire pardonner le refus de la guerre d’Irak. Et la France n’avait pas brillé par son courage en « oubliant » les principes du Droit international et en sanctionnant les Palestiniens pour leur vote aux côtés des autres pays de l’UE. Avec N. Sarkozy, on s’aventure un peu plus loin sur cette pente.
Devant les ambassadeurs il évoque carrément si la diplomatie échouait... le bombardement de l’Iran. Et le bon docteur Kouchner en remet une couche : nous devons nous préparer au pire... c’est-à-dire à la guerre !
REFUSER LA LOGIQUE DE GUERRE
Nul doute que s’ils avaient été à la tête du pays en 2003, la France serait aujourd’hui embourbée en Irak aux côtés des Etats-Unis. A l’époque, la formidable mobilisation internationale avait empêché l’aval de l’ONU à la guerre américaine en renforçant l’opposition française, mettant clairement au jour son caractère illégal. Il nous faut aujourd’hui à nouveau dire non à la logique de guerre et mettre l’ensemble de la classe politique devant ses responsabilités. Le peuple français refuse massivement le choix de la guerre pour régler les conflits. Il va falloir le dire très fort et le faire entendre aux va-t-en guerre de tout poil.
LA PETITE LUMIERE DE BIL’IN
Dans ce contexte dramatique marqué par l’aventurisme militaire et l’absence de toute perspective politique à court terme, un arrêt de la Cour Suprême israélienne est comme une fragile lueur d’espoir. Elle vient en effet de donner raison aux villageois de Bil’In dont les terres sont traversées par le Mur et d’ordonner un autre tracé.
Certes on peut craindre que les autorités israéliennes trouvent des artifices pour repousser indéfiniment la destruction de la partie du Mur en cause. Mais c’est une victoire symbolique d’importance pour le combat que mènent depuis des mois les habitants du village aux côtés des anti-colonialistes israéliens et internationaux.
Et un encouragement à tous ceux qui ne se résignent pas.